Contributions

Nous publierons ici vos textes sur le clitoris 
Ce peut être un récit : comment avez-vous découvert votre clitoris ?
Ou un poème, une éloge, un hymne, ou bien un déni un dégout ... 
Que représente le clitoris ? 
Quel effet vous fait il messieurs ? 
Vos idées seront merveilleuses et diverses 😇


Merci pour ce premier texte chère anonyme 


Découverte du clito, on ne rit pas. 

Il aurait pu lui être plus utile, paraît qu'il l'est assurément. 

La petite fille, vers quatre ans, découvre le jeu du cheval, en coinçant un balai entre deux chaises ; elle l'enfourche résolument, gavée de films de cowboys et d'indiens. C'est très agréable et inattendu. Pas encore assez cervelée pour comprendre qu'on lui cache un truc. 
Une rugueuse culotte Petit Bateau lui procure incidemment les mêmes sensations, effilochée qu'elle est à la couture de l'entrejambe. 
Se tourner vers la femme numéro un de la maison pour demander quelque explication. Laquelle presque énervée lui ordonne de ne pas toucher à cet endroit-là, car ça lui servira plus tard pour se marier. 

Mais ça parle pourtant, encore et toujours, en haut des cuisses. S'il ne faut pas y toucher avec les doigts, elle trouvera bien autre chose pour reproduire les étoiles du cheval et de la culotte.
Et puisqu'apparemment il faut se cacher, ce sera la nuit. Longtemps. 

Dans sa solitude, son silence, elle continue quand même à reproduire le plus souvent possible ces moments mêlés d'interrogations coupables. Un jour, le sang et le plaisir vont éclore ensemble, dans l'étonnement et la totale inquiétude. Qu'aller dire à la maman ? Quel événement annoncer en premier ? Comme ce n'est pas l'âge des noces, ne parler que du sang. Que la mère accueille avec fierté et promet d'en parler le soir au père (mais surtout pas, maman ? Enfin ? ). 

Bien sûr, le sang ne se mêlera plus au plaisir, mais ne l'empêchera pas. La solitude la fait délirer : elle a touché à l'endroit interdit, elle est donc punie par le sang, elle ne se mariera pas, alors elle envisage de devenir bonne sœur, la mère fréquentant assidument l'église du quartier (et son bedeau semble-t-il). 

A l'adolescence, elle est hyper attentive aux discours des copines : en parlent-elles ? Il semble que non. Elle va enfin comprendre de quoi il s'agit exactement en lisant Mademoiselle Age Tendre, et découvre le mot : masturbation. Elle ne le trouve pas adéquat par rapport à ce qu'elle éprouve, à ces vagues puissantes et apaisantes. Mais elle apprend enfin qu'elle n'est pas seule. Alors elle ose aborder le sujet avec sa meilleure amie, qui reste évasive.

Sa grande sœur laisse traîner « le livre du mariage » dans leur chambre. Elle y apprend avec stupeur que la femme ne doit pas se laisser voir nue trop souvent par son mari, que le désir de l'homme est fragile et doit être respecté ; elle voit pour la première fois des photos de vulves et se compare, à son désavantage... Encore des différences. 

Puis elle n'y pense plus, la libération sexuelle est en marche et elle en profite avec soulagement, le livre du mariage est jeté. 

Hélas ce petit endroit ne semble pas si accessible aux doigts de ces messieurs. Qu'importe finalement car elle se trouvera toujours bien plus habile, précise, inventive qu'eux. Elle seule connaît le comment et le quand, de longue habitude. Transmettre, apprendre, la patience se perdra en cours de route. Ils l'appellent en général « le petit bouton » et pensent qu'il suffit de le manier comme un interrupteur : je touche et ça s'allume, forcément. Quoi, ça ne suffit pas ? Tu veux autre chose, attend j'ai ce qu'il faut. 

Finalement sa sensualité partagée n'aura que faire de ce qu'elle ne réserve qu'à elle. A deux les grands élans peau contre peau et jeux divers, fièvres et frissons, chuchotements cris aveux ou mensonges, elle en jouera bien et dans de nombreux films.  


1 commentaire:

  1. j'adore ce ptit texte!
    C'est toujours difficile à écrire, pour un homme, le plaisir féminin, alors que sous la plume d'une femme, en quelques mots simples ça coule de source, si j'ose dire.

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