Le 28 septembre est une journée de mobilisation pour défendre le droit d'avorter dans toute l'Europe ... Nous en discutions avec Jean-Claude Piquard en pleine rédaction de son troisième livre sur les origines de la répression sexuelle et la pensée nataliste (le titre de cet essai pourrait être : " Tu seras une mère ")
Voici un résumé de ces réflexions bien plus développées dans son prochain ouvrage:
La légalisation de l’avortement est relativement récente (1975 en France).
Mais, en ce début de siècle, ce droit des femmes à disposer de leur corps est remis en cause un peu partout, aux USA et même en Europe, en Espagne (2014), en Pologne (2016) où la mobilisation massive des femmes, toutes classes sociales confondues, a fait reculer les natalistes. En Italie, l’attaque de l’avortement vient des médecins qui refusent de pratiquer l’avortement, se réfugiant derrière leur droit d’objecteur de conscience. Ce phénomène touche aussi la France, dans une moindre mesure, mais l’accès à l’avortement est insidieusement devenu plus difficile.
Les anti-avortements, le plus souvent des conservateurs, expriment leurs convictions en utilisant la vieille pensée nataliste. En effet, dans l’histoire de la sexualité, plus un pays est nataliste, plus il criminalise l’avortement. Chaque avortement est pour eux une naissance en moins. Ils disent défendre la vie et se proclament pro-vie alors même que la majorité d’entre eux sont pour la peine de mort et pour le port d’armes (aux USA, environ 60 000 morts par an).On voit bien le paradoxe, les auto-proclamés pro-vie ne défendent pas la vie, ils veulent des naissances, ils sont en réalité des natalistes qui se dissimulent.
La pensée nataliste est également porteuse d’homophobie. Ce qui les dérange dans l’homosexualité ce n’est pas les mœurs mais l’infertilité des rapports sexuels donc l’absence de procréation. Le message est explicite sur cette banderole de la « manif pour tous » :
Si les natalistes « gagnaient », ils interdiraient d’abord l’avortement puis l’homosexualité mais ils n’en resteraient pas là, leur but final est d’interdire la contraception ainsi que toutes les pratiques sexuels non reproductives. Notons que leur premier combat, vers 1750, fut d’interdire la masturbation car la masturbation réciproque en couple était une méthode de contraception connue et décrite dans les livres anciens.
Défendre l’acces libre à l’avortement pour toutes est un droit qui nous concerne tou-te-s.
Jean-Claude Piquard